Point sur les marchés - 4 octobre 2021
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Daniel Varela Chief Investment Officer
La fin de semaine a été marquée par la publication de statistiques réjouissantes aux Etats-Unis. L’activité économique réaccélère en septembre après avoir marqué le pas durant les mois d’été, sans doute en raison des incertitudes liées au variant Delta. En outre, l’indice de confiance du consommateur a également surpris positivement, ce qui est de bon augure avant une période de fin d’année où les dépenses de consommation sont primordiales.
Suite à la flambée du prix du pétrole et du gaz, le taux d’inflation annuel de la zone euro est sorti en hausse de 3.4% en septembre, dépassant l’objectif de la Banque centrale européenne. Cependant, hors énergie, l’augmentation était bien plus modérée. Au vu des perspectives sur l’inflation à moyen terme, la BCE devrait rester plus accommodante que la FED, notamment.
Le « shutdown » du gouvernement américain a été évité in extremis par la signature d’un décret qui permet la poursuite des dépenses de l’Etat. Cependant, le problème du relèvement du plafond de la dette du pays n’est que repoussé dans le temps et une solution plus durable devra être trouvée d’ici le 3 décembre prochain, sans quoi les fonctionnaires américains ne recevront plus leur salaire.
Une nouvelle phase du cycle
Le rebond de la croissance a été particulièrement vigoureux à l’échelle mondiale cette année. Portée par une réouverture quasi simultanée des économies aux quatre coins de la planète, cette reprise provoque néanmoins des tensions sur les chaînes d’approvisionnement et les stocks de matériaux. Ces nombreux goulets d’étranglement commencent à pénaliser l’économie mondiale et confirment que le pic de la croissance a été dépassé dans les pays industrialisés.
La conjoncture va sans doute se tasser dès le dernier trimestre de l’année, une tendance qui se poursuivra en 2022. Ce ralentissement est bienvenu eu égard aux pressions inflationnistes qui sont apparues dernièrement et qui inciteront les banques centrales à s’engager sur la voie d’une normalisation monétaire. Tout porte à croire cependant que les Etats-Unis comme l’Europe jouiront encore d’une belle dynamique en 2022. De nombreux pays émergents pourraient quant à eux profiter d’un redécollage économique décalé, dû à une généralisation tardive des campagnes de vaccination.
Si les difficultés du secteur immobilier chinois soulèvent quelques inquiétudes, elles résultent vraisemblablement d’un tour de vis monétaire un brin trop prononcé. Il est dès lors probable que la Chine desserre quelque peu le robinet du crédit et relâche légèrement l’étreinte réglementaire dans certains pans de son économie. Le changement de régime en cours, tant du point de vue économique qu’au niveau des politiques monétaires, confirme que le cycle boursier est entré dans une nouvelle phase, qui s’accompagnera de performances plus faibles et plus volatiles. Une réduction du risque des portefeuilles devra sans doute être bientôt envisagée.
Mais pour l’instant, nous maintenons notre surpondération en actions, en raison du sentiment actuellement très déprimé des investisseurs et de la saisonnalité habituellement favorable du dernier trimestre de l’année. Un statu quo qui se justifie d’autant plus que les actions conservent des atouts face aux marchés obligataires, dont les perspectives se détériorent sur fond de pressions inflationnistes persistantes et d’abandon progressif des programmes de rachat d’emprunts du côté des banques centrales.
Le changement d’orientation des politiques monétaires pourrait par ailleurs influer sur le comportement des monnaies et favoriser celles des pays où les taux d’intérêt ont le plus de chances de monter. Enfin, nous tablons sur la persistance des problèmes d’approvisionnement touchant les matières premières, que nous renforçons donc légèrement au sein des portefeuilles, en équipondérant les métaux industriels, l’énergie et l’or. Si le métal jaune profite peu du retour de la croissance économique, il garde néanmoins ses propriétés en termes de diversification et d’assurance de portefeuille.
Matières premières – Des fondamentaux bien orientés
Les matières premières connaissent une phase très porteuse. Avec l’accélération de la reprise économique, la demande a, dans de nombreux cas, retrouvé les sommets atteints en 2019. L’offre étant limitée, les déficits de production se creusent, ce qui entraîne du même coup un recul des stocks.
Actuellement, c’est le secteur de l’énergie qui a le vent en poupe. Pour ce qui est du gaz, le faible niveau des stocks et les contraintes logistiques ont provoqué une envolée des prix, en Europe et en Asie principalement, mais aussi aux Etats-Unis. Une volonté politique (notamment russe) devrait permettre au marché de redevenir plus rationnel, mais on risque d’assister à un nouvel emballement des prix à court terme en cas de forte baisse des températures.
Même déséquilibre sur le marché du pétrole : malgré les augmentations de la production de l’OPEP, les stocks sont tombés à leurs plus bas des cinq dernières années. Comme il est encore trop tôt pour que les énergies propres puissent garantir l’approvisionnement global de manière fiable, nous pensons que les prix de l’énergie resteront élevés du fait de l’écart entre l’offre et la demande.
Les métaux industriels sont eux aussi confrontés à une situation de déficit. En outre, ils doivent répondre à une demande structurelle, vu leur fonction essentielle dans la transition énergétique. Le cuivre, par exemple, est nécessaire à l’électrification de nos économies. L’optimisme qui prévalait à l’égard du secteur à la fin du premier trimestre semble finalement digéré, ce qui devrait ouvrir la voie à une nouvelle phase haussière.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.