La panique soulevée par les chiffres de l’emploi américains retombe progressivement. En début de mois, les investisseurs craignaient en effet que l’essoufflement observé au niveau des créations d’emploi, ainsi qu’un chômage en progression, se traduiraient forcément par un ralentissement de la consommation privée. Celle-ci rappelons-le représente deux tiers du Produit intérieur brut et constitue donc le socle de la croissance aux Etats-Unis.
Or, nous avons appris la semaine dernière que les ventes au détail ont été particulièrement soutenues en juillet avec une progression de 1% par rapport au mois précédent et de 4% sur les douze derniers mois. D’ailleurs, presque tous les segments qui composent le panier de la ménagère profitent de cette dynamique positive, que ce soit les ventes de denrées alimentaires ou de voitures, en passant par les produits électroniques ou ceux destinés à l’aménagement résidentiel. De manière anecdotique, cette tendance favorable est également confirmée par les bons résultats trimestriels publiés récemment par la grande chaîne de magasins Walmart.
Ainsi, la peur de voir la première puissance économique mondiale basculer dans une phase de récession semble s’estomper. Il n’en reste pas moins que les signes avant-coureurs de ralentissementnotamment au niveau du secteur manufacturier justifient toujours un début de détente monétaire de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de sa prochaine réunion le 18 septembre. Alors que l’inflation américaine s’approche progressivement de la cible définie par la banque centrale, il n’est désormais plus nécessaire pour la Fed de maintenir ses taux à leur niveau le plus élevé depuis plus de vingt ans (5.5%).
Il est d’ailleurs probable que Jerome Powell, président de la Fed, profite du symposium annuel des grands argentiers qui se tient à Jackson Hole en cette fin de semaine pour esquisser le virage monétaire qu’il s’apprête à prendre après avoir entretenu une politique particulièrement restrictive pendant plus de deux ans. La résilience du consommateur américain et l’anticipation des futures coupes de taux de la part de M. Powell ont entretenu le rebond des places financières la semaine dernière. Certes, l’actualité politique et économique reste encore chargée sur les prochaines semaines et elle peut encore entretenir une certaine volatilité sur les bourses. Mais avec le soutien des banquiers centraux et des rendements en net recul sur les marchés obligataires, l’horizon semble devoir progressivement se dégager pour les bourses à court ou à moyen terme .
Le marché japonais a subi une chute historique de 12% le lundi 5, la plus forte depuis le « Lundi Noir » de 1987. Les trois premiers jours d'août ont vu son indice plonger de plus de 20%, un record absolu. Depuis, le Topix a rebondi de près de 20% en moins de deux semaines. Comment expliquer cette volatilité? Outre les chiffres décevants de l'emploi aux États-Unis, le dénouement du « carry trade », où les investisseurs empruntent en yen pour investir dans des actifs à rendement plus élevé, a amplifié les mouvements. La décision de la Banque du Japon de relever ses taux d'intérêt le 31 juillet, qui coïncide avec les attentes à la baisse pour les taux américains, a précipité des pertes pour ces investisseurs, déclenchant des ventes forcées. Le rebond récent du marché a été tiré par une nouvelle dépréciation du yen, soutenue par un message plus accommodant de la Banque du Japon. Cette intervention, couplée à un ajustement de valorisation, a permis au Topix de rebondir de 8 % la semaine dernière. A ce stade, si le montant résiduel du « carry trade » dans le système financier reste incertain, la pause dans l’appréciation du yen devrait limiter un nouvel épisode de volatilité comme celui vécu au début du mois.
Au mois de juillet, l’inflation américaine repasse en-dessous de la barre des 3%, s’affichant ainsi à son plus bas niveau depuis plus de trois ans. L’inflation ne devrait donc plus être une source de crainte pour les investisseurs dans les prochains mois.