La conjoncture américaine a longtemps défié les plus sombres pronostics. Mais les derniers indicateurs économiques commencent à signaler que la politique monétaire très restrictive de la Réserve fédérale américaine (Fed) commence à peser sur la conjoncture. Les enquêtes auprès des directeurs d’achat des entreprises confirment que la contraction de l’activité se prolonge dans le secteur manufacturier. Et les chiffres de l’emploi du mois de juillet renvoient également une image plus morose. Les créations d’emploi s’essoufflent et le taux de chômage remonte à 4.3% de la population active contre 3.5% il y a un an. Face à ce trou d’air économique, l’inquiétude gagne les investisseurs et les bourses. Ce qui avait débuté comme une classique rotation sectorielle après plusieurs mois de hausse s’est récemment transformé en une correction boursière beaucoup plus sérieuse. A Wall Street, l’indice large de la bourse perd désormais 6% par rapport à son sommet historique atteint à mi-juillet. Mais le recul est nettement plus important sur les secteurs de croissance. En dehors des Etats-Unis, les reculs boursiers sont également prononcés depuis quelques jours. Au-delà des incertitudes liées à un contexte géopolitique à nouveau très tendu, les investisseurs semblent craindre que la Fed est en retard sur les événements économiques et attend trop longtemps avant de baisser ses taux. Cette peur est fréquente à la veille d’une inversion de politique monétaire. Pourtant, les coupes de taux se profilent du côté de la Fed, car dans un contexte de recul de l’inflation, celle-ci a désormais toute la latitude nécessaire pour détendre sa politique monétaire et soutenir l’activité économique. Sa première baisse de taux interviendra très certainement lors de sa réunion de septembre et d’autres devraient suivre cette année encore et l’année prochaine. Et les baisses de taux ne concerneront pas uniquement les Etats-Unis. Plusieurs banques centrales européennes qui ont déjà enclenché le mouvement vont continuer de couper leurs taux à l’image de la Banque Nationale suisse, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre. Cette détente synchronisée des politiques monétaires mondiales représente la principale différence des corrections boursières auxquelles nous avons assisté depuis l’année 2022. Elle nous laisse penser que la correction boursière actuelle est de nature temporaire. D’ailleurs, la forte augmentation de la volatilité et l’importante détérioration des indicateurs de sentiment semblent indiquer que le pire de la baisse est derrière nous et qu’un fond est proche.
Tandis que la consolidation des indices boursiers américains semblait terminée, le mouvement s’est accéléré en fin de semaine passée, alors qu’un élan de panique gagnait les investisseurs. Conséquence, de nombreux supports techniques ont été cassés à la baisse, tant sur l’indice S&P 500 que sur l’indice phare des valeurs technologiques, le Nasdaq. Un tel mouvement n’est pas une surprise au vu des progressions paraboliques de certaines valeurs de croissance sur les derniers mois. Cette baisse, la deuxième de plus de 5% en 2024, a le mérite de corriger certains excès de valorisation que nous avions relevés en début d’été. S’il est délicat de se prononcer sur la fin de cette phase de prise de profits, on peut dès lors considérer qu’en l’absence d’un réel risque de récession sur l’économie américaine, de nombreuses opportunités d’achat émergeront durant les prochaines séances.
Le cours de l'or a augmenté de plus de 2% durant la semaine, renouant avec ses sommets historiques récents grâce notamment au repli des taux longs. Dans le contexte actuel incertain, le métal jaune profite de son statut de valeur refuge.