Les pressions haussières sur l’inflation et les salaires continuent de se modérer aux Etats-Unis, ce qui permet d’envisager bientôt la fin du resserrement monétaire de la Réserve fédérale. Cette dernière n’a d’ailleurs monté ses taux que de 0.25% la semaine dernière en dépit d’un marché de l’emploi qui conserve une bonne dynamique.
Le changement de ton de la Fed a une implication négative pour le dollar dont l’attractivité risque de souffrir alors que d’autres banques centrales, à commencer par la BCE, poursuivront leur resserrement monétaire dans les prochains mois. C’est pourquoi nous réduisons à nouveau l’exposition au billet vert dans la plupart de nos grilles d’investissement.
Les derniers développements, tant techniques que fondamentaux, observés sur les marchés des actions américaines nous incitent à augmenter notre exposition à cette classe d’actifs. Un nouveau cycle d’expansion des bourses pourrait voir le jour en 2023, alors que s’estompent les craintes qui ont plombé la performance l’année passée.
Une inflation inférieure à 3%, un taux de chômage au plus bas et une croissance du PIB qui fléchit à peine en 2023 : l’économie helvétique semble véritablement déconnectée du reste du monde. Ce qui explique aussi pourquoi la bourse suisse surperforme régulièrement les actions mondiales depuis deux ans.
Aujourd’hui, il nous semble toujours opportun de conserver une surexposition au marché domestique. Certes, la forte décote de valorisation qui prévalait sur les titres suisses il y a deux ans et qui a largement soutenu leur performance, s’est résorbée. Les valeurs du SPI se traitent donc à nouveau avec une prime bien méritée par rapport aux actions mondiales, ce qui laisse entrevoir un potentiel relatif plus limité en 2023. Cependant, la solide conjoncture dont la Suisse profite déjà pourrait grandement bénéficier du redémarrage qui se profile du côté de ses voisins européens.
En effet, les anticipations d’une profonde récession s’estompent peu à peu dans la zone euro, alors que la crise énergétique annoncée ne se matérialise finalement pas. Pour les entreprises helvétiques, ces développements favorables pointent vers une amélioration sensible des perspectives de croissance en 2023. Les indicateurs d’activité en Suisse ont d’ailleurs déjà commencé à se redresser, parallèlement à ceux de la zone euro.
Dans ce contexte, nous conservons une importante surexposition aux actions domestiques. Toutefois, nous recommandons d’ajuster le positionnement sur ce marché et d’adopter un biais plus cyclique, afin de tirer pleinement parti de l’accélération de l’économie attendue en 2023. Un tel changement peut être implémenté dans les portefeuilles en augmentant l’exposition aux petites et moyennes capitalisations, segment qui, par nature, s’avère plus cyclique et moins défensif que l’univers des grosses capitalisations.
Par ailleurs, les excès de valorisation observés il y a un an sur ces titres se sont résorbés, après 12 mois de forte correction. Toutes les conditions semblent donc réunies pour voir les entreprises de petite taille tirer à nouveau leur épingle du jeu à la bourse suisse.
L’inflation est connue pour être contagieuse et, contre toute attente, cela vaut aussi pour le Japon : l’Archipel a enregistré une hausse générale des prix de 3,8% en novembre dernier, un pic depuis 1980. Alors que la déflation a longtemps été un problème pour le pays, le renchérissement devrait rester bien au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la Banque du Japon, et ce même en cas de stabilisation durant l’année.
L’inflation élevée et la forte dépréciation du yen expliquent la décision surprise de la BoJ tombée quelques jours avant Noël. L’institution a annoncé qu’elle assouplissait le contrôle de la courbe des taux d’intérêt mis en place pour la première fois en 2016, en élargissant de 0,25% à 0,5% la marge de fluctuation tolérée sur le rendement à 10 ans. Cette « capitulation » pourrait marquer le début d’une réorientation de la politique monétaire, jusqu’ici ultra-accommodante.
Bien que le yen ait rebondi de plus de 10% face au dollar depuis le plancher atteint à la mi-octobre, il demeure à un niveau de faiblesse rarement observé au cours des deux dernières décennies. C’est là un facteur qui devrait contribuer à maintenir l’attractivité du Japon pour les touristes en cette année de réouverture des frontières, sachant qu’en 2019, 30% des visiteurs étrangers provenaient de Hong Kong et de Chine.
Dans ce contexte, nous recommandons une exposition plus sélective sur le marché japonais. Le secteur bancaire pourrait bénéficier d’un éventuel retour des taux positifs. Quant aux valeurs de croissance, notamment dans les services et les secteurs appelés à profiter de la réouverture, elles devraient elles aussi redevenir intéressantes en 2023.