En Chine, l’objectif de croissance économique a été fixé à environ 5% lors du congrès national annuel d’hier. Ce niveau relativement modeste reflète les améliorations de l’activité économique depuis la fin des restrictions Covid, comme le montrent les données d’activité en février, tout en retenant les mesures de relance pour faire face à un ralentissement potentiel de l’économie mondiale plus tard dans l’année.
Dans la zone euro, l’inflation s’avère plus persistante qu’attendu, ce qui complique la tâche de la Banque Centrale Européenne (BCE). Ainsi, l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) a, contre toute attente, progressé pour le troisième mois de suite et atteint un plus haut à 5.6%. Les prochaines hausses de taux par la BCE seront sans doute plus agressives que prévu augmentant ainsi les risques pour l’économie.
La demande de services reste forte aux Etats-Unis. Ainsi, le principal indicateur d’activité pour ce segment demeure fermement en zone d’expansion au mois de février, ce qui exclut la perspective d’une récession de l’économie américaine dans les prochains mois. Rappelons que les services composent la grande majorité du PIB américain par rapport à l’activité manufacturière.
L’agenda de Thomas Jordan et de ses collègues du directoire de la Banque nationale suisse (BNS) n’est pas encore sur le point de s’alléger. Il faut tout d’abord assurer le service « après-vente » de la publication des résultats 2022 de notre institut d’émission. Il faut dire qu’une perte de plus de 132 milliards de francs cela fait désordre. Naturellement, comme d’autres banques centrales, la solvabilité n’est pas un problème. Mais cette perte abyssale ébranle la détermination de certaines formations politiques qui comptaient encore puiser longtemps dans les bénéfices de la BNS comme solution aux nombreux futurs défis budgétaires, à commencer par le déficit de l’AVS.
L’absence de distribution cette année aux cantons et à la Confédération n’a ainsi pas fini de causer des remous. Mais au-delà de contribuer peu ou prou au financement du train de vie de l’Etat, la mission principale de notre Banque nationale reste naturellement de conduire la politique monétaire pour assurer la stabilité des prix afin d’assurer la croissance et la prospérité de la Suisse.
Et sur ce plan, la BNS a encore un peu de pain sur la planche. Car après avoir amorcé un ralentissement dès l’automne dernier, l’inflation repart à la hausse en ce début d’année. Sur douze mois, le renchérissement atteint +3.4% au mois de février, ce niveau étant supérieur aux attentes des économistes et proche du sommet atteint en août 2022.
Ce rebond des prix de début d’année est peut-être attribuable à certaines indexations de tarifs notamment sur le prix de produits énergétiques comme le gaz naturel qui ont grevé le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises sur les deux premiers mois de l’année.
Mais ce qui est sans doute plus inquiétant pour Thomas Jordan, c’est la hausse inexorable de l’inflation sous-jacente (hors énergie et denrées alimentaires) qui progresse pour le troisième mois consécutif pour s’établir à un nouveau sommet annuel de 2.4%. Le dérapage de cet indicateur au-delà de la limite de 2% visée par la BNS a de quoi inquiéter nos grands argentiers et sans doute de quoi doucher les espoirs d’une pause sur les taux directeurs suisses.
La prochaine réunion de la banque centrale se tient le 23 mars et, dans ce contexte, il est probable que la BNS procède à une nouvelle hausse de 0.5% comme au mois de décembre. Les rendements obligataires suisses de longue durée pourraient donc rester orientés à la hausse plus longtemps que prévu.
Le sentiment envers le marché immobilier s’est dégradé depuis plusieurs mois, notamment en ce qui concerne les perspectives à plus long terme. Ce changement, qui intervient après une croissance continue de plus d’une décennie, est bien entendu causé par la hausse des taux d’intérêt intervenue durant 2022. Il faut cependant relever que, jusqu’à présent, le marché sous-jacent résiste bien, avec des prix et des loyers qui ne baissent pas.
La situation pour les fonds immobiliers n’est pas aussi rose, les cours ayant baissé de près de 20% depuis les plus hauts. Il est vrai que cet univers avait attiré des flux significatifs durant toute la période de taux négatifs, ce qui s’est traduit par une importante appréciation des valorisations. L’agio moyen a ainsi largement dépassé les 40% par rapport à la valeur comptable, un niveau jamais atteint précédemment, ce qui nous avait incité à la prudence.
Aujourd’hui, nous redevenons plus positifs sur ce marché. En effet, après les sorties de fonds de l’année passée, les valorisations sont redevenues bien plus raisonnables. Au niveau actuel, les fonds immobiliers traitent en moyenne à une prime de 15% (après avoir atteint un plus bas proche de 10%), et certains traitent à une décote, une situation plus observée depuis plus de dix ans. De plus, ils offrent un rendement moyen de 2.8%. Ces véhicules sont défiscalisés pour les investisseurs privés suisses, à la fois pour le rendement et le capital, ce qui rend leur dividende encore plus attractif. Nous recommandons donc d’augmenter progressivement cette classe d’actifs, en se focalisant sur les véhicules dont les portefeuilles sont de la meilleure qualité.