Point sur les marchés - 6 septembre 2021
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Daniel Varela Chief Investment Officer
En août, les activités économiques en Chine ont clairement été impactées par les mesures de confinement strict imposées par le gouvernement. Les indices des directeurs d’achat, manufacturier et non-manufacturier, étaient inférieurs aux attentes. Cependant, la maitrise rapide de cette dernière vague de l’épidémie devrait conduire à un rebond durant les mois d’automne.
Les indices boursiers américains ont inscrit de nouveaux records historiques la semaine passée. Le mouvement haussier est alimenté notamment par les titres de qualité et en particulier par la technologie, la santé et la consommation de base. Ce retour vers les valeurs de croissance, offrant de la visibilité sur leur activité, s’est amorcé au début de l’été et devrait se poursuivre selon nous durant les prochaines semaines.
Les créations d’emploi aux USA se sont révélées bien plus faibles qu’escompté au mois d’août. Un peu plus de 200’000 postes ont été créés au lieu des 730’000 prévus par les économistes. Cette faiblesse, qui pourrait être expliquée par le rebond des infections au variant Delta, semble réjouir les investisseurs, car elle peut repousser marginalement le projet de la Fed de réduire prochainement son soutien à l’économie.
BCE : pas de précipitation !
La Banque Centrale Européenne (BCE) se réunit cette semaine. Sa présidente Christine Lagarde ne s’est pas vraiment exprimée depuis le virage monétaire américain pré-annoncé par Jerome Powell lors de la grande messe des banquiers centraux à Jackson Hole. De nombreux économistes spéculent déjà que la BCE pourrait être tentée d’emboîter le pas à la Réserve fédérale américaine en annonçant également un prochain « tapering ».
Certains membres du conseil des gouverneurs de la BCE semblent en effet pousser en faveur d’une réduction du programme de rachat d’actifs qui atteint actuellement près de 100 milliards d’euro par mois. Ces derniers, qui représentent généralement les pays frugaux du nord de l’Europe, s’appuient certainement sur le succès de la vaccination en Europe qui réduit fortement les risques d’une rechute économique, alors même que l’inflation semble se réveiller dans la zone euro.
Pourtant, maintenir un certain décalage avec le cycle de la politique monétaire américaine semble judicieux pour l’instant. Tout d’abord, le rebond de la croissance européenne n’a de loin pas été aussi robuste qu’outre-Atlantique et l’économie du Vieux-continent est loin de tourner à sa pleine capacité. Même constat du côté de l’inflation où le rebond des prix reste très inférieur à ce que l’on peut observer outre-Atlantique. Ce d’autant que, contrairement à la situation américaine, la zone euro est confrontée depuis de nombreuses années à un contexte de désinflation structurelle qui s’annonce difficile à inverser.
Mais le principal argument en défaveur d’un tour de vis monétaire précoce en Europe tient au comportement de l’euro face au dollar. Les anticipations de « tapering » européen provoquent depuis quelques jours un début de tension sur les taux longs européens et une appréciation de l’euro face au billet vert. Il faut d’ailleurs rappeler que la monnaie européenne s’est appréciée de près de 9% face au dollar depuis l’éclatement de la crise sanitaire. Retarder la normalisation de la politique monétaire européenne semble être la seule manière d’enrayer une hausse qui menace à tout le moins la compétitivité européenne, voire même fragilise l’économie de la zone euro dans l’éventualité d’une nouvelle détérioration de la situation sanitaire. Pour les investisseurs en bourse, un euro moins fort permet également d’envisager la poursuite du rattrapage des actions européennes face à une bourse américaine qui continue d’aligner les records historiques.
Japon – le Premier ministre victime du Covid
Le Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, quittera son poste seulement un an après sa prise de fonctions. L’annonce vendredi dernier qu’il ne se représenterait pas à l’élection interne du Parti libéral-démocrate (PLD) de fin septembre a été une surprise. Toutefois, compte tenu de son impopularité record, cette décision donnera au nouveau chef de son parti, qui est assuré de devenir Premier ministre, une meilleure chance aux élections législatives de cet automne.
Le variant Delta a causé des dommages irréparables à la popularité de M. Suga. Son taux d’approbation dans un récent sondage est tombé en dessous de 30%, contre environ 60% lorsqu’il a remplacé son prédécesseur, particulièrement en raison de sa gestion très critiquée de la pandémie. L’insatisfaction du public s’est davantage renforcée après sa décision de maintenir les Jeux olympiques de Tokyo malgré l’opposition d’une grande majorité de japonais. Le cas du Japon illustre la situation sanitaire dans les pays qui ont tardé à lancer la campagne de vaccination. La stratégie «zéro Covid», basée principalement sur les états d’urgence et le confinement, montre ses limites d’efficacité face au variant Delta.
Le départ de Suga a été bien accueilli par le marché. L’indice Topix a clôturé en hausse sur la nouvelle et a atteint son plus haut niveau depuis 1991. Les investisseurs parient que ce changement augmentera la probabilité d’une nouvelle série de relances dans les mois à venir. Nous maintenons une vue positive sur le marché nippon. Son économie devrait continuer à bénéficier de la reprise mondiale, sans parler de la faiblesse du yen qui demeure un soutien. Ce dernier changement politique pourrait bien être l’événement déclencheur pour le rattrapage de ce marché avant la fin de l’année.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.