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Point sur les marchés - 7 novembre 2022

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 7 nov. 2022 23:00:00

La réaction du marché chinois la semaine dernière a illustré à quel point les investisseurs attendent désespérément que la Chine mette fin à ses mesures strictes de gestion du Covid. Les actions A chinoises étaient en hausse de 6% et l’indice Hang Seng Tech de 15%, suite à une rumeur de plan de réouverture. Bien qu’il n’y ait pas de confirmation à ce jour d’un changement significatif des politiques Covid, une réouverture reste possible au premier semestre 2023.

Malgré les nombreux obstacles, la saison des bénéfices en Europe est jusqu’à présent plutôt réjouissante et ressemble beaucoup aux deux trimestres précédents. En effet, en net 59% des sociétés surpassent les attentes au niveau des ventes et 22% les battent au niveau des bénéfices. Les grandes capitalisations boursières telles que les financières ont jusqu’à présent affiché les meilleures tendances bénéficiaires.

Alors que les pays industrialisés font face à une inflation record et tenace, la progression des prix à la consommation poursuit sa rapide décrue en Suisse. Les prix se sont appréciés d’à peine 3% au mois d’octobre, après avoir atteint un niveau record de 3,5% deux mois auparavant. La force du franc suisse, qui limite l’inflation importée, ainsi que la stabilité des salaires contribuent énormément au contrôle de l’inflation dans le pays.

 

Banques centrales : pas facile de changer de ton

Une semaine après la Banque centrale européenne (BCE), c’était au tour de la Banque d’Angleterre et de la Réserve fédérale américaine (Fed) de se réunir pour ajuster leurs taux de référence. Ces deux instituts d’émission ont décidé de suivre la BCE avec une hausse supplémentaire de 0.75% du loyer de l’argent à respectivement 3% au Royaume-Uni et 4% aux Etats-Unis.

Comme dans le cas de la BCE, ces resserrements étaient largement anticipés par les investisseurs. Pourtant dans les deux cas, les communiqués laissent penser que ces deux banques centrales sont sur le point de ralentir la cadence et s’orienter vers des resserrements plus mesurés lors de leurs prochaines réunions. Si cette prédiction peut surprendre en ce qui concerne une Banque d’Angleterre confrontée à une inflation toujours en progression à un très haut niveau, elle est certainement plus justifiée dans le cas de la Fed. Car le renchérissement a sans doute atteint son sommet cet été aux Etats-Unis et est désormais en voie de modération progressive.

Si le message de ces deux banques centrales était proche, la perception par les marchés était très différente puisque la Banque d’Angleterre a été jugée trop laxiste – ce qui a d’ailleurs pénalisé la livre sterling dans la foulée – tandis que les investisseurs ont été surpris par le ton toujours très sévère du président de la Fed Jerome Powell. Ce dernier s’inquiète en effet d’un marché du travail qui reste trop tendu et de salaires qui progressent. Selon lui, la cible finale pour le taux de référence pourrait donc être plus élevée que prévu, soit un niveau proche de 5%.

Les taux vont donc monter moins rapidement mais plus haut, de quoi attiser une certaine schizophrénie auprès des investisseurs ! Pourtant, selon nous, la Fed souhaite désormais prendre le temps d’observer l’impact du resserrement monétaire agressif dans lequel elle s’est engagée cette année, sachant que les effets des décisions monétaires sur l’inflation et l’économie ont par définition tendance à être décalées dans le temps.

Nous entrons donc dans une période de réglage fin de la politique monétaire américaine, le nombre de hausses de taux supplémentaires dépendant de l’observation des données macroéconomiques, en particulier celles concernant le marché de l’emploi, les salaires et les prix.

Quoi qu’il en soit, la réduction de la cadence qui se profile auprès de la Fed constitue à n’en pas douter une nouvelle rassurante pour les marchés financiers.

 

Matières premières, deux catalyseurs potentiels : le dollar et la Chine

Les matières premières ont été pour le moins volatiles cette année. Le début fut très bon, tiré par des fondamentaux solides. Cette bonne dynamique a de plus été accentuée par l’invasion de l’Ukraine, qui a généré de fortes craintes sur l’approvisionnement dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. La tendance s’est vite retournée lorsque les craintes d’une baisse de la demande sont apparues, alors que les matières premières faisaient l’objet d’un optimisme extrême. Depuis, les marchés consolident mais restent en hausse sur l’année d’environ 20%.

A court terme, deux éléments vont dominer l’évolution des matières premières : le dollar américain et la Chine. La corrélation des cours des matières premières vis-à-vis du dollar, fortement négative, n’est pas nouvelle. Elle a cependant augmenté cette année. Comme nous l’avons vu les semaines précédentes, toute nouvelle économique mitigée aux Etats-Unis pèse sur le billet vert par le biais des attentes de hausses de taux. Et ce mouvement bénéficie directement et de manière très large aux matières premières. Une possible dépréciation du dollar à partir de ces niveaux serait un clair soutien pour le cours des matières premières.

Toutefois, la demande mondiale est aussi pénalisée par l’approche « Zero-Covid » de la Chine. La visibilité quant à l’évolution de cette politique est hélas très faible, mais toute détente constituera un support très important, principalement pour l’énergie et les métaux industriels qui bénéficieront d’une reprise de l’activité économique chinoise. Notre préférence va toujours à l’énergie et plus particulièrement au pétrole, dont l’offre reste limitée par des investissements en berne, alors que la demande continue de croître de manière régulière.