Point sur les marchés - 8 avril 2024
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Europe : Les conditions sont réunies pour un vrai démarrage.
Depuis le début de l’année, les perspectives économiques ont connu une nette embellie sur le Vieux-Continent. Selon les enquêtes PMI, l’économie européenne a renoué avec la croissance en mars, grâce aux services, qui restent le principal moteur de la croissance. Qui plus est, cette évolution positive semble appelée à se poursuivre.
Plusieurs raisons plaident en faveur d’un regain d’optimisme à l’égard de la consommation, qui pourrait surprendre par sa vigueur. Tout d’abord, le marché de l’emploi demeure bien orienté, et les salaires vont augmenter en termes réels grâce à la désinflation. Une fois la confiance revenue, l’épargne constituée pendant la crise du Covid pourra donc être dépensée. Ensuite, les derniers sondages menés auprès des banques suggèrent que les conditions de crédit se détendent et que la demande de prêts redémarre. Enfin, le mouvement de déstockage a pris fin, ce qui est de bon augure pour l’activité industrielle. Cette conjugaison de facteurs a de quoi déjouer les prévisions conjoncturelles des analystes, toujours empreintes de prudence.
Le rallye des bourses s’est poursuivi au premier trimestre, permettant à plusieurs indices de se hisser à de nouveaux sommets historiques. S’il est vrai que l’optimisme élevé qui prévaut à court terme pourrait déboucher sur une consolidation, nous estimons néanmoins que l’Europe a de nombreux arguments à faire valoir. Premièrement, les récents développements au plan macro-économique sont très encourageants. La hausse des indices PMI, alliée au ralentissement de l’inflation et à la première baisse des taux de la BCE attendue en juin, devraient en effet porter les marchés ces prochains mois. Deuxièmement : les attentes bénéficiaires du consensus pour 2024 (+4%) s’avèrent prudentes par rapport aux autres régions. Or, l’accélération de la conjoncture devrait entraîner des révisions en hausse de ces estimations, et les importants rachats d’actions qui se profilent du côté des sociétés européennes viendront eux aussi soutenir la croissance bénéficiaire. C’est dire le potentiel de surprises favorables sur ce front. Rappelons par ailleurs que les valorisations demeurent très abordables sur le Vieux-Continent, malgré la reprise récente. Trois autres points positifs pour conclure : les sorties de fonds semblent être terminées, les investisseurs américains ont recommencé à s’intéresser aux bourses européennes et en dernier, les sociétés cycliques sont largement présentes dans les indices. Difficile dans de telles conditions de ne pas aborder les prochains mois avec confiance !
Etats-Unis : importante rotation sectorielle
L’année 2024 avait débuté dans la continuité du dernier trimestre 2023. Les valeurs de croissance, notamment dans le secteur de la technologie, ont poursuivi leur rallye sur les premières semaines de l’année, tirées notamment par les attentes de baisse de taux des investisseurs et par l’intérêt croissant de la communauté financière pour le thème de l’intelligence artificielle. Il y a quelques semaines encore, seuls deux secteurs surperformaient l’indice S&P 500 en 2024 : la technologie et les services de communication. Cette tendance est pourtant en train de s’inverser, avec une contribution grandissante à la performance des secteurs cycliques. Aujourd’hui, l’énergie, les industrielles et les matériaux remontent rapidement dans le classement sectoriel, alors que les segments plus défensifs perdent la faveur des investisseurs. Ceci est compréhensible, alors que l’économie américaine montre des signes d’accélération. Les deux principaux indicateurs d’activité, que ce soit manufacturière ou dans les services, sont en zone d’expansion. Force est de constater que les investisseurs se positionnent pour bénéficier du scénario économique le plus probable à l’heure actuel, celui du « No Landing ».
Chiffre de la semaine : 303'000
Le nombre de postes créés par l’économie américaine au mois de mars surprend une fois de plus positivement. Ce chiffre dépasse de 100'000 les prévisions des économistes. Cela confirme que le ralentissement de l’économie est quasiment inexistant, et ce malgré le resserrement de la politique monétaire de ces derniers trimestres.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.