Jusqu’à très récemment, les perspectives du Vieux Continent s’annonçaient prometteuses : l’économie était en phase de reprise, l’inflation refluait, la Banque centrale européenne (BCE) procédait à sa première baisse de taux, et les conditions financières se détendaient. Les économistes révisaient même à la hausse leurs prévisions de croissance du PIB pour l’année, ce que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Les investisseurs, quant à eux, redécouvraient les bourses de la région, la dynamique positive des révisions bénéficiaires et la reprise du cycle des fusions-acquisitions se traduisant même par des entrées de fonds.
Mais la parenthèse aura été de courte durée. Les marchés ont en effet accueilli fraîchement l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée nationale en France et la tenue d’élections législatives anticipées. Compte tenu des résultats de ces dernières, la stratégie de M. Macron de défier l'extrême droite après les élections européennes s'est avérée en partie justifiée. Cependant, la France se retrouve dans une situation très délicate, rendant la formation d'un nouveau gouvernement et l'adoption d'un budget très difficiles. En attendant, l'évolution des finances de l'Etat reste une préoccupation grevée par des déficits budgétaires chroniques depuis de nombreuses années. On ne peut par ailleurs pas exclure le risque d’une montée des tensions sociales et politiques cet automne, ce qui pourrait également peser sur le sentiment. En Allemagne, la situation politique n’est guère meilleure, et l’économie peine à se redresser en raison de sa forte dépendance vis-à-vis de la Chine.
Compte tenu des développements récents en France, tout porte à croire que les investisseurs préféreront se tenir à l’écart des bourses de la région à court terme. Par ailleurs, même si l’optimisme à l’égard des actions européennes s’est émoussé, on est loin du pessimisme extrême ou de la panique, ce qui suggère que les scénarios post-électoraux les plus défavorables pour l’économie et les marchés ne sont pas encore intégrés dans les cours.
Dans une logique de gestion du risque, nous avons tactiquement diminué notre exposition aux actions européennes après les belles performances depuis le début de l’année, car, selon nous, les incertitudes politiques en France pourraient engendrer de la volatilité dans les semaines à venir. Toutefois, de nouvelles opportunités d’achat sont susceptibles de voir le jour dans un second temps. En effet, l’environnement demeure propice aux actifs risqués : la BCE a entamé son cycle d’assouplissement monétaire, ce qui stimulera la reprise conjoncturelle.
Depuis le début de l’année, l’or a bien performé, justifiant a posteriori notre recommandation de renforcer l’exposition à la fin mars. Mais depuis un mois, ce mouvement s’est essoufflé, laissant la place à une phase de consolidation. A l’origine de cette pause : un communiqué de la banque centrale chinoise indiquant qu’elle n’avait pas acheté d’or durant le mois de mai, nouvelle que les intervenants ont interprétée de façon négative. Nous pensons pour notre part que le phénomène est temporaire et qu’une fois cet épisode terminé, les achats reprendront. En effet, l’or ne compte que pour 5% des réserves chinoises, et ce chiffre a augmenté de seulement 1% en 18 mois, malgré des achats importants. A titre de comparaison, les Etats-Unis en détiennent près de 70%, tout comme l’Allemagne et la France. Quant à la Russie, elle affiche des avoirs en or d’environ 30%. Le métal jaune étant l’un des rares actifs à ne pas pouvoir être saisi en cas de désaccord profond avec le gouvernement américain, sa part dans les réserves des banques centrales devrait continuer de progresser durant les prochaines années.
En juin, le principal indicateur de l’activité des services aux Etats-Unis est ressorti bien en-dessous des prévisions des économistes. Si cet indicateur peut se révéler volatil, une tendance à la détérioration est néanmoins visible sur les derniers mois.