Point sur les marchés - 9 décembre 2019
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Les incertitudes liées à la guerre commerciale n’ont pas empêché la création de plus de 260’000 emplois aux Etats-Unis au mois de novembre. Ce chiffre, bien plus élevé qu’attendu, a conduit à une baisse supplémentaire du taux de chômage. Dans un tel contexte, le moral du consommateur devrait rester au beau fixe en cette période cruciale pour les dépenses de fin d’année.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a lancé le premier plan de relance économique depuis 2016. Le montant total représente 26 billions de yens dont plus de la moitié consiste en des dépenses budgétaires réparties sur 15 mois. Cela confirme que la politique budgétaire joue un rôle de plus en plus dominant dans le monde pour faire face au ralentissement économique.
L’OPEP a décidé de diminuer sa production de 500’000 barils par jour, qui s’ajoutent aux réductions mise en place depuis l’automne 2018. Cette baisse devrait permettre au marché du pétrole de finalement trouver un équilibre après plusieurs années d’offre excédentaire.
Ilot de cherté stable
L’inflation ne décolle toujours pas en Suisse. Au contraire, les derniers chiffres montrent un pays qui s’installe à nouveau dans une situation de désinflation. Les prix ont en effet légèrement reculé durant le mois de novembre et l’inflation sur une année s’inscrit à -0.1%. Pas encore de quoi s’inquiéter, mais la tendance est clairement à une glissade des prix du panier de la ménagère et ceci est confirmé par le recul de -0.3% sur un an de l’inflation harmonisée selon la méthodologie européenne.
Ce qui frappe, c’est l’absence de progression des prix depuis la crise de 2008. Malgré le redressement économique, la politique monétaire ultra-accommodante de la Banque Nationale Suisse (BNS), les taux négatifs et la forte augmentation de la masse monétaire, l’inflation moyenne en Suisse depuis 10 ans affiche un zéro pointé ! Si Thomas Jordan et les autres membres de la Direction de la BNS peuvent se réjouir de la résilience de l’économie helvétique, ils doivent cependant s’inquiéter d’un niveau d’inflation désespérément bas.
Alors que le cycle économique prend de l’âge, la BNS comme d’autres grandes banques centrales dans le monde préférerait voir les prix progresser à un niveau plus élevé. Ceci, afin d’éviter le risque d’une situation de déflation lorsque la prochaine récession mondiale s’installera dans quelques trimestres ou plus probablement dans quelques années. Car la déflation ou le recul des prix généralisé et durable constitue le cauchemar des banques centrales. Elles se trouvent généralement désarmées pour faire de la relance alors que les agents économiques attendent que les prix chutent encore pour dépenser (en ce qui concerne les ménages) ou investir (pour les entreprises). Dans ce contexte, la BNS n’a d’autre choix que de poursuivre sa politique actuelle pour éviter qu’une appréciation supplémentaire du franc n’accentue la désinflation importée. Sa marge de manœuvre semble limitée en matière de baisse de taux alors qu’on entend toujours plus de caisses de pension envisager de parquer du liquide dans des coffres en vue d’échapper aux intérêts négatifs. La BNS continuera donc pour longtemps à intervenir sur le marché des changes quitte à voir encore grossir son bilan qui vient d’atteindre un nouveau record à 783 milliards de francs, et de croiser les doigts pour que l’inflation se redresse enfin à l’échelle européenne et internationale.
Fonds immobiliers suisses : une année record
Quelle différence par rapport à la situation d’il y a un an ! Après avoir affiché en 2018 la pire performance depuis 2008, les fonds immobiliers suisses sont, à la fin novembre, en route pour leur meilleur résultat de la décennie avec une progression de près de 20%. Bien entendu, la déroute du dernier trimestre de l’année passée offre une comparaison facile, mais les achats des investisseurs n’ont pas connu de pause. Comment expliquer ce résultat ? Le point le plus important à nos yeux est le niveau des taux d’intérêt en Suisse. Alors que plus de 80% du marché obligataire offre des rendements au mieux nuls et que de plus en plus de banques prélèvent des intérêts négatifs sur les dépôts, le marché immobilier continue d’afficher un rende-ment d’environ 3% défiscalisé. Mais il ne faut pas oublier que la prime moyenne du marché par rapport aux valeurs nettes d’inventaire a doublé et atteint maintenant plus de 32%, proche des plus hauts historiques.
Après avoir augmenté notre exposition à ce secteur en tout début d’année, nous pensons que le potentiel est actuellement limité et qu’une prise de profit est justifiée, même si son rendement continue de lui fournir un support fort. En revanche, l’immobilier international, qui n’a pas connu une telle progression, offre une diversification intéressante pour garder une exposition à la pierre de manière plus diversifiée géographiquement tout en offrant un rendement similaire.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.