A l’exception de la Banque du Japon, les banques centrales referment progressivement la parenthèse du choc inflationniste de 2022 et amorcent un nouveau cycle de baisse des taux. Un tel contexte est habituellement favorable aux placements obligataires. Pourtant, les taux à long terme remontent à nouveau depuis quelques semaines, en particulier du côté des Etats-Unis. Au-delà de la résilience de l’économie américaine, cette tension semble en bonne partie liée à l’approche de l’élection présidentielle et du retour de Donald Trump dans les sondages. En cas de victoire du candidat républicain, les investisseurs obligataires craignent une probable augmentation du déficit budgétaire américain en lien avec de nouvelles baisses d’impôts, ainsi qu’un sursaut temporaire de l’inflation consécutif à de nouveaux tarifs douaniers appliqués sur les biens importés. Cette résurgence de la volatilité du marché obligataire américain devrait s’estomper une fois le résultat de l’élection connu. En attendant, on rappellera qu’à ces niveaux les rendements à long terme américains compensent nettement l’inflation anticipée sur les prochaines années.
Comme nous l’anticipions en juin dernier, les indicateurs avancés de l’activité économique aux États-Unis se sont sensiblement détériorés pendant l’été. Tandis que l’ISM manufacturier restait en zone de contraction, le marché de l’emploi a connu un accès de faiblesse et les prévisions de croissance des entreprises ont été résolument revues à la baisse. Ces trois sources de déception sur le front macroéconomique n’ont cependant pas entraîné de correction boursière, contrairement à ce que nous craignions. Les investisseurs ont tout au plus assisté à une hausse sensible de la volatilité, et les actions ont même terminé le trimestre sur un nouveau plus haut historique.
Comment expliquer cette décorrélation entre les fondamentaux économiques et l’expansion des multiples des actions américaines ? Les investisseurs feraient-ils preuve d’une complaisance inhabituelle ? Telle n’est pas notre interprétation. Nous estimons plutôt que les marchés excluent, à juste titre, le risque d’une récession aux Etats-Unis, même si certains Cassandre agitaient encore ce spectre récemment. La dynamique du secteur des services, le bas niveau du chômage et la confiance au beau fixe affichée par les ménages américains rendent le scénario d’une récession très improbable.
Difficile en effet d’envisager une contraction du PIB américain maintenant que la Réserve fédérale s’est mise à assouplir sa politique monétaire, en cadence avec la majorité des autres banques centrales. Cette détente synchronisée des conditions financières devrait avoir un impact extrêmement positif sur l’économie mondiale dans les prochains mois. C’est bien cette embellie que les bourses anticipent aujourd’hui, tendance qui pourrait se poursuivre au quatrième trimestre, traditionnellement propice aux actifs risqués.
Cette saisonnalité favorable pourrait être exacerbée par une saison de publications de résultats qui se déroule bien mieux qu’escompté par les investisseurs. Près des trois quarts des entreprises ayant dévoilé leurs chiffres ont battu les attentes des analystes, alors que la barre était placée plutôt haut. Cette semaine sera cruciale pour les bourses alors que cinq sociétés parmi les « sept magnifiques » publient leurs résultats financiers. Une issue favorable ouvrirait certainement la voie à de nouveaux records historiques pour les marchés, notamment sur l’indice Nasdaq qui flirte déjà avec ses plus hauts historiques.
A la suite de la riposte modérée d’Israël contre l’Iran, le pétrole baisse de 4.5$ ce lundi matin. Cette attaque limitée ouvre la voie à une désescalade après plusieurs semaines de tension élevée entre les deux pays.