Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste, vient de présenter son premier budget très attendu. Comme prévu, ce budget met l’accent sur une augmentation des dépenses et des investissements, financée par une hausse des impôts. Ces mesures visent à stimuler la croissance économique, un objectif sur lequel le gouvernement a été clair. Cependant, la réaction négative des marchés, marquée par une hausse des rendements et un affaiblissement de la livre, reflète des inquiétudes quant à l’augmentation du déficit budgétaire et aux risques d’inflation liés à cette relance fiscale. Les investisseurs gardent probablement en mémoire l'épisode Liz Truss et les turbulences causées par son budget non financé. Nous ne partageons pas ces préoccupations et pensons que la réaction des marchés est exagérée. Cependant, les marchés devront sans doute revoir leurs attentes de baisse des taux de la Banque d'Angleterre. La baisse prévue en novembre ne paraît pas menacée, mais la trajectoire pour 2025 pourrait être plus graduelle en raison des pressions inflationnistes générées par ce nouveau budget.
Le dérapage des prix en Suisse aura été de courte durée. En effet, pour le mois d’octobre, les prix à la consommation ne progressent plus que de 0,6% sur un an. Ce ralentissement de l’inflation se fait plus rapidement que prévu et surprend les économistes comme sans doute le directoire de la Banque nationale suisse (BNS). On se rappellera par ailleurs que les prix n’ont pas dérapé autant que chez nos voisins durant le choc inflationniste des dernières années. Dans le sillage de la pandémie de Covid et de l’éclatement de la guerre en Ukraine, les prix avaient progressé de plus de 10% sur base annuelle dans le zone euro alors que le glissement s’était limité à environ 3% en Suisse.
Il y a-t-il des raisons structurelles qui expliquent la stabilité durable des prix dans laquelle évolue notre pays ? L’ouverture de notre pays sur le monde, ainsi que son approche relativement libérale en matière de commerce international et de recours à la main d’œuvre étrangère sont des facteurs qui aident à mitiger l’inflation. Mais c’est oublier l’important effet désinflationniste que nous confère la force du franc à l’égard de la plupart des monnaies et en particulier contre l’euro et le dollar. La monnaie helvétique a progressé de plus de 15% sur les cinq dernières années contre ces deux devises, ce qui a passablement réduit l’inflation importée dans notre pays. Et cette tendance pourrait se prolonger dans les prochaines années. Le franc n’est en effet pas aussi surévalué qu’on ne pourrait le croire. Le modèle de comparaison des parités de pouvoir d’achat (PPA) indique actuellement un franc proche de sa valeur théorique contre l’euro.
Le recul de l’inflation suisse pointe en tout cas sur une poursuite de la baisse des taux par la BNS. Nous anticipons au minimum deux baisses supplémentaires de taux lors des prochaines réunions de la BNS avec un taux Saron qui approchera 0,5%. Mais une poursuite de la désinflation helvétique en 2025 pourrait forcer la main du nouveau patron de la BNS et l’inciter à considérer une nouvelle fois une politique de taux nul. A observer le marché obligataire suisse où les rendements ne dépassent pas 0,5% sur toutes les échéances plus longues qu’une année, on constate que les investisseurs ont d’ores et déjà intégré le retour à une longue période de stabilité des prix et de politique de taux bas en Suisse.
L’indicateur avancé de l’activité manufacturière aux Etats-Unis est ressorti plus faible qu’escompté au mois d’octobre. Il demeure en outre clairement en zone de contraction, comme c’est le cas depuis deux ans. Cette publication rend inéluctable une coupe des taux directeurs de la Fed ce jeudi, suivi d’un assouplissement supplémentaire en décembre.