Stratégie d'investissement 1er trimestre 2018
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Les cycles économiques ne meurent pas de vieillesse
Il y a dix ans éclatait l’une des plus graves crises bancaires et financières de l’Histoire. Elle allait déboucher sur une importante récession à l’échelle mondiale et mettre à mal la confiance générale à l’égard du système financier. Longtemps considéré comme très atypique, le cycle économique qui s’est amorcé ensuite a été marqué par plusieurs répliques, aussi bien dans les pays développés (crise de l’euro) que sur les marchés émergents (ralentissement conjoncturel et krach boursier chinois de 2015), ainsi que par la poursuite d’une croissance mondiale inférieure à son potentiel et la persistance de pressions déflationnistes. Ce cycle est toujours en place, mais il semble enfin suivre un cours plus normal. En effet, depuis quelques mois, la croissance accélère de manière synchronisée dans les différentes zones économiques, le risque de déflation paraît écarté et les banques centrales préparent la sortie de leurs politiques ultra-accommodantes. Ce resserrement monétaire s’annonce toutefois très progressif, car l’inflation peine à se rapprocher de la cible idéale de 2% en raison de changements structurels. On citera notamment la désinflation provoquée par l’essor du commerce en ligne, ou encore l’accélération de l’automatisation et de la robotisation, qui freine la hausse des salaires habituellement observée en fin de cycle.
Les cycles économiques ne meurent pas de « vieillesse », mais s’achèvent
généralement suite à un durcissement trop abrupt des politiques des banques centrales ou à des « accidents financiers » résultant de déséquilibres macroéconomiques majeurs. L’absence de menace inflationniste permet donc d’envisager une prolongation du cycle en cours, qui battrait ainsi des records de longévité. Voilà qui est de bon augure pour les bourses. Certes, les valorisations sont élevées, mais elles sont soutenues par la rapide progression des bénéfices des entreprises dans une conjoncture porteuse. En outre, les actions restent la classe d’actifs la plus intéressante, notamment par rapport aux obligations, dont les rendements sont historiquement bas. S’il est vrai que le cycle boursier prend de l’âge et pourrait entrer dans une phase plus volatile, nous pensons qu’une surpondération des actions dans les portefeuilles demeure indiquée. Les secteurs cycliques doivent clairement être privilégiés dans ce contexte. Au niveau géographique, le pessimisme à l’égard du Brexit paraît excessif, alors que les entreprises commencent à tirer profit de la forte dépréciation de la livre sterling. Nous pensons donc qu’il est temps d’accroître les positions en actions britanniques dans les grilles d’investissement. Ce renforcement se fait aux dépens des Etats-Unis, le marché le plus cher et le plus avancé dans le cycle boursier, et permet par la même occasion de réduire légèrement le poids du dollar, dont l’évolution est incertaine. Par ailleurs, l’environnement actuel pourrait s’avérer propice aux monnaies liées aux matières premières et prolonger le rebond des monnaies émergentes, qui offrent généralement des rendements nettement supérieurs à ceux des devises développées.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.