
Les investisseurs demandent le savoir-faire de la gestion alternative et la plasticité dans les fonds indiciels cotés.
L’année 2024 fut remarquable pour les industries des fonds spéculatifs et des ETF. Aussi bien en termes d’apports d’argent frais qu’en termes de performance. En 2025, ces deux classes d’actifs pourraient également bénéficier d’une forte demande, celle-ci étant soutenue par le souhait de se prémunir contre un éventuel retournement de marché et/ou tirer parti des anomales de prix pouvant survenir au sein d’un nouveau cadre des relations internationales. Les hedge funds offrent en effet un accès à des stratégies d’investissement innovantes, tandis que les ETF sont de plus en plus conçus pour répondre à des objectifs d’investissement auparavant réservés aux seuls hedge funds – et ce à très faible coûts.
Des fonds positionnés pour l’inconnu
Sur le front des hedge funds, rappelons que les investisseurs ont injecté en 2024 plus de 400 milliards de dollars dans les fonds spéculatifs, d’après les chiffres de Hedge Fund Research (HFR). Ce qui porte le total des capitaux gérés par cette industrie à plus de 4500 milliards de dollars (fin décembre 2024). La plupart de ces investisseurs ne furent pas déçus. L’ensemble des fonds, mesuré par l’indice HFRI Fund Weighted Composite Index, a progressé de 9,8 % l’an dernier.
« Les institutions sont susceptibles d’augmenter leurs allocations aux fonds spéculatifs, qui ont démontré la robustesse de leurs stratégies au cours de l’année volatile que fut 2024 et qui sont tactiquement positionnés pour les impacts divers et imprévisibles des changements de politique en évolution rapide en 2025 », prévoit Kenneth J. Heinz, président de Hedge Fund Research (HFR), dans un récent rapport de marché.
Hormis les stratégies basées sur les cryptomonnaies, les stratégies ayant le mieux fonctionné en 2024 ainsi qu’en ce début d’année sont des stratégies directionnelles. Autrement dit, suivi de tendance et momentum. Morgan Stanley définit le momentum comme le quintile des actions avec les rendements ajustés au risque les plus élevés sur 12 mois par rapport au quintile avec les rendements les plus faibles. Ces stratégies enregistrent un gain de 12 % en 2024 et de 1,68 % en janvier 2025, d’après les données de HFR.
Ces rendements s’expliquent en grande partie par leurs positionnements acheteurs sur les grandes valeurs technologiques américaines. Or, bien que leurs perspectives de croissance et de marges bénéficiaires demeurent solides et que leurs valorisations ne soient pas comparables à celles de la bulle Internet des années 2000, le secteur fait courir le risque de concentration. Autrement dit le risque que les rendements élevés soient excessivement dépendants d’un nombre très limité d’actions composant le marché américain.
Le «momentum» face au risque de concentration
Ces interrogations peuvent supposer que certains titres fortement sous-évalués pourraient retrouver la faveur d’investisseurs en quête de diversification et/ou de rendements futurs supérieurs. Ainsi, le segment des fonds activistes au sein des stratégies événementielles dites « Event-Driven », ont enregistré une hausse de 2,4 % en janvier. De même, l’arbitrage événementiel sur le marché du crédit progresse de 1,95 % sur la même période, surperformant toutes deux les stratégies directionnelles.
Plus largement, les fonds Event-Driven cherchent à tirer profit des événements qui surviennent au sein des entreprises (M&A, faillites, restructurations…) susceptibles de créer des dislocations de prix et des opportunités pour les managers les plus compétents. « Les gestionnaires alternatifs ont traversé un mois de janvier volatil dans le secteur technologique, les bénéfices, les dépenses d’investissement et les perspectives stratégiques ayant été impactés par une concurrence intense dans le domaine de l’IA menée par la start-up chinoise DeepSeek », a commenté Kenneth J. Heinz.
Du côté des ETF, notons d’abord que l’industrie a enregistré un afflux net record de 1880 milliards de dollars en 2024 à l’échelle mondiale. Portant le total des actifs à 14850 milliards. Bien que les 20 plus gros ETF s’accaparent la plus grande partie des capitaux, l’innovation visant à répondre à des besoins de plus en plus sophistiqués demeure particulièrement dynamique.
Des professeurs de finance de George Mason University constatent par ailleurs que les périodes de retournement coïncident avec les moments où « l’incertitude de l’incertitude » est élevée. En français, cela correspond à une situation dans laquelle le marché est incapable d’évaluer ce qui se passe avec précision ou à quel moment une tendance arrive à son terme.
« Dans l’ensemble, les instruments qui suivent la volatilité de la volatilité (indice VVIX) ou la volatilité elle-même (indice VIX) peuvent être utiles pour identifier le retournement des marchés. L’idée standard selon laquelle l’exubérance est le principal indicateur de la dynamique des marchés semble se vérifier », écrivent dans une étude publiée en février 2025 Derek Horstmeyer, Ruben Devia et David Peters, professeurs à George Mason University.





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