« Whatever it takes ! »
Ces trois mots prononcés en juillet 2012 par le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) de l’époque avaient suffi à infléchir une crise financière en gestation depuis plusieurs mois. L’Union monétaire européenne à cette période était gravement menacée par la crise des dettes gouvernementales européennes.
L’épidémie de Covid-19 a avant tout déclenché une crise sanitaire. La réponse des autorités dans les pays développés ces dernières semaines visant une réduction drastique des déplacements voire des confinements sévères a transformé cette pandémie en crise économique. Les tensions observées depuis quelques jours sur les marchés financiers menacent de la transformer en crise financière. Après la chute des bourses, la dislocation a commencé à affecter les marchés obligataires où l’on a observé une forte remontée des taux d’intérêt sur les emprunts de moindre qualité comme la dette d’entreprises et les obligations des Etats de la périphérie de l’Europe. Le marché des changes a commencé également à succomber à ces craintes avec des mouvements violents sur les monnaies périphériques et émergentes.
Cette fois, les mots ne semblent pas suffire si l’on en juge l’accueil très négatif par les investisseurs des timides décisions annoncées par la BCE lors de sa réunion le 12 mars dernier.
Depuis, la BCE et la Réserve fédérale américaine semblent être passées des paroles aux actes et partout dans le monde les banques centrales organisent la relance monétaire. De plus, de nombreux gouvernements mettent sur pied des programmes de relance budgétaire et fiscale à commencer par l’Europe et les Etats-Unis. Et les chiffres ont de quoi donner le vertige, injections à coup de centaines de milliards de la part des banques centrales. La dernière en date de la BCE vise une augmentation immédiate de EUR 750 milliards de son programme de rachat d’actifs et a eu comme effet de fortement détendre les taux sur les emprunts souverains européens ce matin, à commencer par la dette italienne qui était fortement attaquée ces derniers jours. Les plans de relance discutés à l’échelle des gouvernements ne sont pas en reste, comme en témoigne une enveloppe totale de plus de USD 1’000 milliards négociée actuellement par le Congrès américain.
Ces importantes annonces des autorités en réponse à l’urgence sanitaire, économique et financière semblent de nature à ramener progressivement le calme sur les marchés financiers. D’autant que banques centrales comme gouvernements laissent la porte ouverte à d’autres initiatives si nécessaire. Aux quatre coins de la planète, les mots de 2012 de Mario Draghi résonnent. La volatilité pourrait rester très élevée sur le court terme. Mais nous restons d’avis que le pire de la correction des bourses est derrière nous et qu’un fond pourrait être atteint prochainement. Compte tenu de l’ampleur des mesures annoncées et des montants alignés, un redressement assez puissant des marchés est même envisageable une fois le pic de l’épidémie passé en Europe et aux Etats-Unis.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.